Rencontre
avec Junichi Kasajima, vice-recteur de Sophia
University
Sophia
University, prête à jouer le jeu
de la concurrence
Junichi Kasajima, vice-recteur de Sophia University
commente la réforme universitaire japonaise
et ses implications. Les évolutions du
système d'enseignement supérieur
nippon ne déstabilisent pas Sophia University,
résolument moderne.
Quelles ont été les évolutions
majeures du système universitaire japonais
?
La première évolution est d'ordre
politique : le Ministère de l'éducation
a lancé au début de l'année
2002 le " XXIst Century Centers of Excellence
Program ", qui attribue aux meilleures universités
des budgets importants. Ce n'est certes pas la
première fois, mais de façon significative,
cette aide de l'Etat ne concerne plus le "
top 30 ", mais les " 100-200 high-qualities
institutions ". Ce qui signifie deux choses
: le gouvernement rompt avec l'élitisme
hiérarchisé des universités,
et il souhaite mettre sur un pied d'égalité
les institutions privées et publiques.
Une autre évolution, plus importante encore,
est d'ordre social : les étudiants qui
jusqu'alors se rendaient au centre de placement
pour choisir leur futur employeur, se servent
aujourd'hui d'Internet. Leur attitude n'est plus
passive mais active. Ce qui s'explique par la
troisième évolution, purement démographique
: la baisse du nombre d'étudiants, conséquence
directe du vieillissement de la population, diminue
d'autant la sélectivité des entreprises,
mais aussi celle des universités. Elles
ne peuvent plus choisir leurs étudiants,
ce sont eux qui choisissent. Et corollairement,
la concurrence entre universités s'accroît.
Pour résumer ces trois évolutions,
le système universitaire japonais fait
la découverte de la concurrence.
Sophia University est-elle prête à
jouer ce jeu ?
Selon moi, plus que n'importe quelle autre université.
Nous sommes traditionnellement l'université
dont le nombre de professeurs étrangers
est le plus élevé, et notre "
faculté de culture comparée "
offre un diplôme délivré en
anglais conforme à la demande actuelle
d'ouverture internationale. Ces deux particularités
ont été l'objet de longues négociations
avec le gouvernement mais la modernité
nous donne raison. En outre, en comparaison avec
nos grandes concurrentes privées (Waseda,
Keio
), le ratio professeur-étudiant
est deux fois moins élevé
Quelles seront les conséquences de
la décision récente du gouvernement
de privatiser en grande partie les grandes universités
d'Etat ?
Il faut d'abord préciser que le gouvernement
n'a précisé ni l'ampleur ni la date
butoire de cette réforme. Nous sommes donc
dans le flou. Mais elle rentre dans la logique
que j'ai soulignée il y a quelques instants
: favoriser la concurrence. Quand cette réforme
sera effective, elle posera notamment un grand
problème de propriété foncière
: les terrains gigantesques qu'occupent actuellement
les universités publiques deviendront une
propriété privée. Or la valeur,
à Tokyo, de telles richesses est colossale
Mais ce n'est qu'un détail. Pour l'essentiel,
cette réforme a un objectif économique
de gestion des ressources, et sans doute également
de désenclavement des universités
publiques.
Lire également l'article sur Sophia
University.
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