Rencontre
avec Madame Miranda, directrice du jardin d'enfants
Infantilbit à Mexico
Nous rencontrons Madame Miranda,
la " blonde ", chez elle. Cherchant
une occupation pour assouvir à la fois
son dynamisme et son amour des enfants, elle rachète
un jardin d'enfants en perdition, et grâce
à son talent de manager et son expérience
d'institutrice, elle le redresse en cinq ans :
le jardin d'enfant, qui comptait 30 enfants à
l'origine, en a aujourd'hui 110. Le nom qu'elle
a donné à son école : Infantilbit
est symbolique : le " bit " est la plus
petite partie de l'ordinateur dont découle
toutes ses possibilités. Le " bit
" désigne le début de la communication.
UMAP : Quelle pédagogie appliquez-vous
dans votre école ?
Nous fondons notre pédagogie sur celle
de Jean Piaget, c'est-à-dire une éducation
intégrale qui nécessite la participation
des enfants. Mais nous ne sommes pas comme les
écoles Montessori, qui laissent les enfants
faire ce qu'ils veulent. Non, nous sommes beaucoup
plus traditionnels, mais nous partageons avec
eux l'idée que les enfants ont besoin de
beaucoup d'attention et s'épanouissent
dans un environnement spécifique : des
jouets, des échelles, des miroirs sont
disposés dans nos classes afin que les
enfants acquièrent très tôt
les notions d'espace. Aussi, nous favorisons l'expression
corporelle et les exercices de psychomotricité.
Et puis nos enfants apprennent très tôt
à se servir des ordinateurs, à parler
anglais et espagnol, à chanter, à
jouer de la musique
Cela est nécessaire
pour les mères qui nous confient leurs
enfants et qui travaillent pour la plupart toute
la journée : chez nous, les enfants mangent,
dorment, apprennent, et s'amusent. Nous proposons
un emploi du temps complet. Contrairement aux
autres jardins d'enfants, en particulier les établissements
publics qui manquent cruellement d'argent, nous
offrons à la fois amour et attention.
UMAP : Comment se déroule la journée
?
A huit heures, nous accueillons les enfants pendant
une petit récréation, et à
neuf heures, la cloche sonne : les enfants se
mettent tous ensemble, chantent " Buenas
Dias " et vont en classe. C'est moi qui élabore
avec précision le programme de chacun des
huit groupes de douze enfants pour tous les jours.
Les professeurs suivent à la lettre ce
que je leur dis. A une heure de l'après-midi,
50% des enfants rentrent chez eux, et les autres,
dont les parents ont choisi le forfait complet,
se réunissent pour déjeuner. A 1h45,
ils se brossent les dents et se lavent puis certains
d'entre eux vont jouer pendant que les autres
dorment, travaillent pour le lendemain ou regardent
la télévision. A la fin de l'année,
il y a une cérémonie en costume,
comme s'ils étaient diplômés
d'une école !
UMAP : Que pensez-vous des jardins d'enfants
publics ?
C'est un désastre ! Les instituteurs n'ont
pas le droit d'embrasser les enfants ou de leur
faire des câlins. Ils sont distants, et
quand les enfants, livrés à eux-mêmes,
se mettent à pleurer, les surveillants
se contentent de dire " Qu'est-ce que tu
veux ? ". En outre, ils n'apprennent rien.
Le système public se contente de s'occuper
d'eux physiquement. Bien sûr, la contrepartie
de l' Infantilbit, c'est le prix : 1200 pesos
(environ 120 euros) par mois pour le forfait de
9 à 11 heures et 2650 pour la journée
entière. Je suis conscient que mon école
restera un cas privilégié, et je
n'ai d'ailleurs pas d'autre ambition. Mon métier
me rend parfaitement heureuse, et les enfants
aussi.
Le site : www.centroinfantilbit.com
©Un Monde à penser
2002
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