ddddddddddddddd
Rencontres
Accueil
Universités
Enseignants
Rencontres
Guide
Répertoire
Regards
Liens
jjjj

 

 

Rencontre avec Julian Montemayor et Jacques Pelinq

 

 

Entretien avec Julian Montemayor, attaché à la coopération universitaire et à la recherche, et Jacques Pelinq, attaché à la coopération éducative à l'Ambassade de France au Mexique.
Julian Montemayor milite en faveur du système universitaire public et ne mâche pas ses mots. Pour lui, les modèles français et américains ont influencé la confrontation actuelle entre les universités publiques et privés.

UMAP : Pouvez-vous nous décrire brièvement le système universitaire mexicain ?
Julian Montemayor : C'est impossible ! Il s'agit d'un système affreusement compliqué. Il n'y a pas de système universitaire, mais des systèmes d'universités, qui s'empilent à la manière mexicaine comme des oignons. Il y a bien un système d'enseignement secondaire mais il se casse la figure…

UMAP : Ne retrouve-t-on pas au moins la confrontation traditionnelle entre les universités privées et publiques ?
J.M. : Il faut savoir qu'au Mexique l'éducation est synonyme d'Etat. L'essentiel des étudiants (plus de 2 millions) de l'enseignement supérieur font parti du public. Le système public est un héritage des réfugiés espagnols qui, dans les années 30, fuyaient le gouvernement de Franco. Certes, depuis 1980, le secteur privé s'est développé considérablement, sous l'impulsion des différentes confessions catholiques : de l'Opus Dei aux Jésuites en passant par les Légionnaires du Christ et les Alésiens. Il y a bien sûr le TEC de Monterrey, entièrement laïque, dont les 33 campus sont répartis dans tout le pays. Mais il n'exploite que les branches " rentables " de l'enseignement supérieur, c'est-à-dire celles où l'on peut " vendre du titre" : la gestion, le marketing, etc… Le TEC est soutenu par les entreprises privées qui cherchent du court terme, raison pour laquelle il ne fait que très peu de recherche. C'est une école qui se fonde sur le modèle universitaire américain.
Le système public, quant à lui, est vaste et multiforme. Il y a de tout, en fonction principalement de l'environnement socio-économique : ainsi, les universités d'état du Chiapas et de Chetuma sont d'un niveau moyen, tandis que celles de Guadalajara et de Monterrey sont très bonnes. Et puis il y a l'Université Nationale Autonome de Mexico (UNAM), qui est un monde en soi avec ses 300 000 étudiants. Chaque fois qu'une dictature prend le pouvoir en Amérique Latine, les réfugiés viennent à l'UNAM. La grève qui a duré un an en 2001 a nui à sa réputation : sous prétexte que le recteur (un très bon ami à moi) voulait instaurer un système de sélection et augmenter de presque rien le droit d'inscription, les étudiants sont descendus dans les rues. Résultat, les réformes ont été bloquées et un nouveau recteur a été nommé. Et l'UNAM, seul véritable ascenseur social mexicain, a perdu de son prestige : beaucoup d'étudiants sont à l'époque partis dans le privé.

UMAP : Du moins ceux qui pouvaient se le permettre…
J.M. : Vous savez, au Mexique, pour franchir le cap du secondaire, il faut au moins être issu de la classe moyenne. Ceux qui vont jusqu'au doctorat sont des perles rares, mais à quoi bon former des docteurs, puisqu'ils vont tous aux Etats-Unis ?

UMAP : Quelle est la position de la France dans ce système si complexe ?
J.M. : La France est le premier partenaire éducatif du Mexique, et le second pour la recherche. Notamment, de nombreux étudiants mexicains viennent en France pour étudier les sciences sociales et humaines.

UMAP : Qu'en est-il de l'enseignement du français au Mexique ?
Jacques Pelinq : Il est malheureusement très difficile d'obtenir des statistiques fiables, car le Mexique n'a pas de politique linguistique à proprement parler. Mais si la France s'est un peu délitée dans les années 60, elle n'a jamais perdu son attrait.

 

©Un Monde à penser 2002

 

Retour au sommaire