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de route, suite
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Mexico
City, pleine de bruit et de fureur
Mexico City est la plus
grande ville du monde et c'est probablement
aussi la plus angoissante. La plus
bruyante, la plus polluée,
la plus hallucinée
Comme
si elle était consciente de
sa monstrueuse folie, Mexico se dérobe
pudiquement aux regards : depuis le
lointain, elle est invisible, littéralement
enveloppée dans une chape de
pollution qui n'est pas sans évoquer
les vapeurs de l'enfer. Et cet Enfer
prend tout d'abord la forme d'une
irrépressible et hurlante marée
de voitures agglutinées. Mexico
est pleine de bruit, pleine de fureur.
Les taxis fous (des milliers de petites
coccinelles vertes) et les bus bringuebalants
se fraient tant bien que mal mais
toujours dangereusement un chemin
dans cette jungle de ferraille; les
cris des klaxons, les hurlements des
chauffeurs et les effluves des pots
d'échappement se répondent
dans un invraisemblable capharnaüm.
Le paysage urbain défile, laid
et insensé, patchwork anarchique
d'immeubles sales et délabrés,
de tours ultra modernes, de maisons
résidentielles et d'austères
églises. Les policiers sont
affairés.

Dans toutes les rues
du centre - immenses artères
ou petits lacets - la foule, innombrable
et compacte, se presse et se bouscule
autour des petits commerces ou des
stands improvisés. Les étals
qui côtoient parfois des flaques
nauséabondes ou des poubelles
éventrées sont constitués,
le plus souvent, de grandes bâches
étendues au sol sur lesquelles
s'entassent, pêle-mêle,
CD, téléphones, vêtements,
DVD, images religieuses et gadgets
en tout genre. Les cris racoleurs
des commerçants parviennent
difficilement à couvrir l'épuisant
(mais ô combien vivant) brouhaha
et l'odeur épaisse des tacos
et des fruits mûrs enveloppe
ces marchés sauvages.
Le quartier " chic "
de Polanco semble un havre de
paix. A cette exception près,
Mexico ne laisse aucun répit.
Pourtant, au moment même
où l'exaspération
est à son comble, un
bâtiment superbe ou une
belle " scène de
genre " apaisent le piéton
ahuri. Au détour d'une
avenue aux murs tapissés
d'azulejos, un cireur de chaussures
remplit consciencieusement son
office à l'abri d'un
parasol coca cola ; au cur
de la ville infernale, la cathédrale
se dresse, ténébreuse,
sur l'immense " zocalo
" et son ombre abrite le
bric-à-brac des vendeurs
à la sauvette ; des femmes
en habit traditionnel vendent
des légumes grillés
aux coins des rues embouteillées
et le dimanche, les églises
bondées se départissent
de leur austérité
naturelle et ouvrent grand leurs
portes : les messes " débordent
" gaiement dans les rues.
A Mexico, l'ordre n'a pas sa
place et " l'il écoute
" par la force des choses.
Il écoute, il observe
et s'il est attentif, il peut
saisir au vol la poésie
qui jaillit quelquefois du tumulte
lancinant.
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Guadalajara
Guadalajara est aussi fraîche
que Mexico est angoissante,
aussi gracieuse que Mexico peut
sembler sinistre. Enfin du soleil
! Et de l'harmonie : l'architecture
coloniale crée une heureuse
unité ; Guadalajara n'a
rien à envier aux plus
jolies des villes d'Espagne.
Le rythme de vie semble, lorsqu'on
arrive de Mexico, étrangement
lent et calme. Les rues ne sont
pas moins animées, peuplées
de cris, jonchées de
prévisibles stands, mais
le soleil rend leur juste valeur
aux choses. Les arbres font
des tâches d'ombres rafraîchissantes
et les jets des petites fontaines
jouent un jeu de cache-cache
irisé avec le soleil.
Il est doux de flâner
sur le zocalo, d'admirer les
églises aux toits brillants
de mosaïques, de s'enivrer
de l'atmosphère des marchés
et de déguster, dans
des cafés animés,
la célèbre et
très typique torta ahogada.
Il fait bon vivre à Guadalajara
où la grisaille de la
capitale fait place aux couleurs
les plus gaies. Le week-end,
les enfants chantent et dansent
sur la grand place de la ville
en faisant voler derrière
eux de lourdes grappes de ballons
et dégustent les doigts
luisants de sucre et les yeux
brillants de plaisir toutes
sortes de fruits et de pâtisseries.
Dans la lumière mordorée
de la tombée du jour,
ce spectacle a des allures felliniennes.
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Monterrey
L'arrivée à Monterrey
est surprenante : la ville surgit
peu à peu du désert,
d'un paysage tout en sable,
en pierres et en cactus. Au
bout de cette route longue et
sèche mordue par un soleil
brûlant, Monterrey nous
apparaît : îlot
de civilisation encaissé
dans les montagnes qui l'encerclent
et la surplombent comme si elles
voulaient l'étouffer.
Et on étouffe en effet
: la chaleur est lourde et épaisse.
La grande ville du nord du Mexique,
ultra moderne, est conçue
à l'américaine.
Le centre ville, ses grattes
ciels et ses hôtels de
luxe, sont exclusivement réservés
aux affaires. Les parois en
verre des grandes tours renvoient
la lumière découpée
en mille éclats. Les
citadins aisés ont choisi
de s'installer en périphérie
de ce centre et accèdent
aisément à leurs
résidences puisque la
ville est perforée par
d'énormes axes routiers.
Leurs maisons basses, souvent
identiques, s'alignent sur les
grandes allées vertes
et aérées qui
forment de parfaits quadrillages.
Ces allées sont vides
et calmes, égayées
seulement, et c'est beaucoup
dire, par les grosses et belles
voitures qui stationnent immanquablement
devant les portes d'entrée.
Le temps semble suspendu tant
le calme est pesant et le soleil
implacable.
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©Un
Monde à penser 2002
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