Avec ses canaux, ses rues médiévales étroites, ses églises gothiques du XVIème siècle, sa forteresse et ses maisons du XVIIème admirablement restaurées , Leyde possède un charme tout particulier. La ville natale de Rembrandt abrite aujourd'hui de nombreux musées mais aussi et surtout la plus vieille université des Pays-Bas, ses 15 000 étudiants et ses 7000 chercheurs. Typiquement étudiante donc, cette petite ville de 114.000 habitants n'est pas seulement pittoresque, elle est aussi très animée. Comme le souligne Mary, une étudiante en philosophie, " la vie à Leyde est à la fois gaie et calme, nous sommes proches des grandes villes hollandaises mais ne partageons pas leur stress."

Près du restaurant universitaire, accompagnés de nos guides

Leyde, la rebelle

Pendant la guerre de 80 ans, qui oppose l'Espagne à la Hollande, la ville de Leyde est assiégée pendant presque un an, en 1574. L'histoire raconte que le maire de la ville, pour exhorter les habitants accablés par la faim à résister jusqu'à l'arrivée des renforts, offrit à la foule son bras à manger ! Cet exemple de courage permit aux habitants de tenir bon jusqu'à ce que l'armée hollandaise, dirigée par Guillaume d'Orange, ouvrît les digues du pays et inondât volontairement les champs qui entouraient la ville, contraignant les Espagnols à lever le siège. Pour récompenser les valeureux résistants, Guillaume d'Orange, le " pater patriae " (père de la patrie), fonda l'Université de Leyde et lui donna le titre de " Praesidium Libertatis " : " Bastion de la liberté ". Son principal bâtiment, l'Academiegebouw, sur le canal de Rapenburg, est encore utilisé aujourd'hui. De fait l'identité de l'Université de Leyde s'est forgée au cours de l'histoire sur le thème de la résistance : celle de l'esprit et de la science contre la violence et les armes. Un vitrail de la chapelle de l'Academiegebouw montre des professeurs de l'université menacés à leur gauche par un soldat espagnol et à leur droite par un révolutionnaire français. La devise de Guillaume d'Orange, qui deviendra celle du royaume d'Angleterre, sert de légende : " Je maintiendrai " (en français).

Un enseignement d'excellence dans un lieu de travail privilégié

Depuis longtemps, la plus vieille université des Pays-Bas jouit d'une excellente réputation. Einstein lui-même était titulaire d'une chaire de physique à Leyde entre 1920 et 1946 et l'université, qui est fière de compter 4 prix Nobel scientifiques parmi ses anciens enseignants, dispense traditionnellement un enseignement de très haute qualité. Et, malgré l'apparition de nombreuses concurrentes, Leyde figure aujourd'hui encore parmi les établissements les plus performants du pays dans presque tous les domaines sauf les sciences économiques, qui restent le domaine réservé de l'Université Erasmus de Rotterdam.

La qualité des équipements mis à la disposition des étudiants et des chercheurs est particulièrement réputée. Le jardin botanique de l'université est à ce titre impressionnant - c'est le plus vieux de toute la Hollande : depuis 4 siècles, on y cultive les plantes les plus rares dans un but à la fois scientifique et éducatif.

Les étudiants de l'université de Leyde sont décidément gâtés : la grande bibliothèque de l'université renferme 3 millions de livres et de magazines - elle accueille, on le comprend, pas moins de 500 000 étudiants par an ! Elle est également le lieu d'exposition d'une collection unique de manuscrits et de cartes, de peintures et de dessins. A quelques rues du vieux bâtiment académique , une structure ultra moderne vient d'ouvrir ses portes. C'est le " Plexus "; un centre d'accueil entièrement dédié aux étudiants de l'université et dont les différents points d'accueil fournissent des informations concernant tous les aspects de la vie étudiante, des programmes aux possibilités d'échange en passant par les associations, les cours ou les logements.

Trois étudiants en médecine

Herman Philips

Des paysages urbains très caractéristiques de la Hollande

Permanence et originalité

Pour le Professeur Herman Philips, doyen de la faculté de philosophie et enseignant à Leyde, Oxford et Princeton, " Leyde est une institution libérale particulièrement agréable qui permet de suivre un cursus classique et exigeant ".

Les 9 facultés de l'université (archéologie, théologie, philosophie, Lettres et sciences humaines, droit, mathématiques , sciences naturelles, médecine et sciences sociales ) - il y en aura bientôt 10 puisqu'une faculté des Beaux-Arts verra le jour en 2002 - proposent une cinquantaine de formations, des plus classiques aux plus originales.

L'Université est notamment spécialisée dans les langues orientales et les langues rares. Ainsi, il est possible d'étudier les langues de l'Himalaya ! Un centre international mène actuellement des recherches pointues sur ces " parlers " dont certains sont restés inconnus pendant des siècles.

A Leyde, la rigueur et l'académisme semblent de mise dans tous les domaines, ce qui n'empêche pas l'université d'être profondément innovante, voire originale dans ses méthodes d'enseignement. En première année par exemple, l'université a mis au point un système de tutorat. Chaque étudiant est évalué par son tuteur selon des critères spécifiques et obtient un nombre de points qui indique s'il doit ou non poursuivre ses études dans la voie choisie.

La " Moot Court " semble également typique de l'enseignement de Leyde. Ce tribunal fictif est un passage obligé pour les étudiants en droit hollandais et en droit fiscal, qui doivent y jouer alternativement les rôles d'avocat et de procureur. Enfin, élitisme oblige, l'Université a mis au point des " Honours programmes ", réservés à une poignée d'élus dans chaque filière. Les étudiants les plus doués et les plus motivés sont sélectionnés pour participer à un programme intensif de cours magistraux dispensés par de grandes sommités mondiales (enseignants ou dirigeants) et suivis de discussions et de débats. Ces cycles de conférence constituent un diplôme en soi. Etre traditionnel ne signifie pas se reposer sur ses lauriers et l'académisme à Leyde, s'il est cultivé, va de pair avec une volonté d'être de son temps. C'est particulièrement frappant en ce qui concerne la recherche, évidemment très développée dans une université de ce type. Et l'Université a choisi de travailler dans ce domaine en étroit partenariat avec les entreprises : " contrairement à d'autres universités, il ne nous paraît pas aberrant de recevoir un soutien financier du secteur privé", affirme un étudiant en physique rencontré sur le campus. C'est pourquoi un système d'accords et de financement de projet s'est mis en place entre l'université et les entreprises. Un système dont le Bio Science Park de l'Université est à ce jour la réussite la plus visible. A proximité des laboratoires de recherche et de l'Hôpital universitaire, cet " incubateur " accueille une trentaine d'entreprises spécialisées dans les biotechnologies.

Minerva : permanence et ébriété

Minerva est la plus ancienne et la plus importante association étudiante non seulement de Leyde mais de tous les Pays-Bas. Fondée en 1839, Minerva siège dans des locaux situés au cœur de Leyde et pour le moins imposants : la pièce principale, vaste débit de boissons, est immensément longue, large et haute de plafond. Boiseries et tentures assombrissent ce lieu qui semblerait ancestral et même somptueux si on n'était pas assailli en y pénétrant par une épouvantable odeur d'alcool. Mais après tout, c'est un bar et les étudiants ne s'y trompent pas. Ils se réunissent dans cet immense local pour des soirées qui se réclament plus de Bacchus que de Minerve. Des bacchanales, cependant, très " old school ". Tandis que les filles - dont la présence est admise depuis 1972 seulement - sont (sagement ?) assises, les garçons se tiennent debouts autour de hautes tables plus proches du bar. Pour intégrer ce club très select, il faut avoir au moins trois parrains. Les étudiants étrangers quant à eux, sont admis le vendredi soir exclusivement.

" Les 1700 membres de Minerva respectent scrupuleusement les traditions. Ceux qui n'aiment pas les règles vont voir ailleurs ", explique élégamment la responsable de la communication. Précision : l'adhésion coûte 250 euros par an. La vie étudiante de Leyde ne se résume pas toutefois à Minerva. L'université compte de nombreuses associations sportives, culturelles ou politiques, plus sobres, mais au sein desquelles règne souvent un esprit anglais de vieille tradition universitaire. C'est le cas notamment du club d'opinions, dans la pure lignée des " debating societies " de Cambridge ou d'Oxford.

Banc de vélos à l'entrée de la gare

La nouvelle Faculté de médecine

L'international : une priorité

A Leyde, la promotion des échanges internationaux est considérée comme l'une des priorités. L'université a de nombreux contacts avec des établissements extérieurs et même si le néerlandais demeure la langue principale, dans toutes les matières, un nombre croissant de cours est donné en anglais. Les programmes d'échanges classiques de type Erasmus et Socrates ou encore d'échanges bilatéraux sont bien sûr mis en place à l'université de Leyde. Ils sont gérés par le bureau international :

International Office : + 31 (0) 71 527 3040 ou intoff@ics.LeidenUniv.NL

Plus originaux : les programmes internationaux spécifiquement proposés par l'université : LUWP ou Leiden University Worldwide Programmes. Ces séminaires en anglais s'adressent aussi bien aux Hollandais qu'aux étudiants étrangers. Conçus à l'origine pour les étudiants de premier cycle, ces programmes qui durent de sept mois à deux ans sont également proposés au niveau du doctorat. Très modulables, ils peuvent être conçus à la demande d'entreprises ou d'autres institutions. Ils peuvent par ailleurs être combinés avec des programmes complémentaires ou des stages à l'étranger.

Leiden University Worlwide Programmes (LUWP) : + 31 (0) 71 527 72 87 ou study@luwp.leidenuniv.nl

Les étudiants étrangers, enfin, ont la possibilité, même sans un bon niveau de néerlandais, de faire leur doctorat à l'université de Leyde. Il leur faut pour cela trouver un tuteur parmi les membres de l'université puis faire valider leur candidature par le bureau des doctorats.

Renseignements : www.leidenuniv.nl