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Reportages dans les universités : Argentine
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Di Tella - San Andres - UBA - ITBA - Di Tella vs UBA

 

L'Université de Buenos Aires

Un état en mauvais état

Alejandro Finnochiano est professeur assistant à la faculté de droit de l'UBA. Il prépare en même temps son doctorat en sciences de l'éducation à l'université privée de San Andrès. Son sujet de thèse : " l'autonomie des universités ". Sa problématique : les grandes universités publiques comme l'UBA ne sont pas seulement autonomes mais véritablement indépendantes par rapport à l'Etat qui, pourtant, les crée et les finance. En d'autres termes, elles ont un pouvoir politique qui n'est pas réglementé, et qui est une source permanente de conflits et de luttes d'influence. Il est donc difficile de parler de l'UBA comme d'une simple institution vouée à la recherche et à l'enseignement : elle est également l'antichambre des partis politiques et des syndicats.

 

La faculté de droit, solennelle, est grande comme une université

 

Un état dans l'état

L'UBA, avec ses 210 000 étudiants est en effet un " état dans l'état ". Dans ses couloirs, les syndicats étudiants affiliés distribuent leurs tracts, et les professeurs, laissant à leurs assistants le soin de faire cours, jouent du prestige de leur statut pour préparer leur carrière politique. D'après Finnochiano, c'est Peron qui a attribué à l'UBA ce rôle de formation de la classe politique. Les facultés de droit et d'économie notamment, remplies respectivement de 38 000 et de 45 000 étudiants (des chiffres qui rendent ridicule la taille des plus grandes universités européennes), sont le théâtre quotidien des débats idéologiques et des luttes d'influence entre les partis.
Entièrement gratuite et d'une qualité académique incontestable, l'UBA joue pourtant bien son rôle d'université publique : les facultés de génie industriel, électrique ou chimique, les facultés de médecine ou de biologie ont une excellente réputation qui justifie l'attractivité de la plus grande université argentine. Elle est sans doute en Argentine l'université qui joue le mieux son rôle d'ascenseur social. Mais, dans ce monstre administratif, " seuls les étudiants les plus débrouillards trouvent leur compte. Il faut connaître tel professeur ou tel délégué étudiant pour choisir le parcours judicieux qui permet de faire carrière " explique Vanina Troya, étudiante en droit.

 

 

 

La salle des professeurs, luxueuse et feutrée

 

 

Une université aux mains des étudiants

En effet, le gigantesque monument blanc de la faculté de droit, soutenu par des colonnes colossales, cache sous son apparence cérémonieuse et froide un véritable chaos organisationnel. Le professeur qui nous guide dans ses couloirs, Edgardo Costa, se fait éconduire par les délégués étudiants auxquels il remet les copies qu'il a corrigées. Et pourtant, il a été élu par les étudiants meilleur professeur de l'année 2002 ! En dehors de la salle des professeurs, îlot de luxe tapissé de velours et meublé de tables en chêne ciré, la faculté est aux mains des étudiants.
Plus de 50 % des étudiants de l'UBA viennent de lycées privés et la grande majorité de ceux qui restent ont fait leurs études secondaires dans l'un des deux collèges appartenant à l'université. Or, ces collèges recrutent sur concours : la sélection en Argentine survient donc très tôt dans le cursus scolaire lorsque les élèves n'ont que douze ans. En un mot, l'accès à l'UBA n'est pas donné au premier venu.
Inutile de dire, dans ses conditions, que l'UBA n'est pas ouverte aux étudiants étrangers : " En 17 ans, affirme Edgardo Costa, je n'ai pas vu un seul étudiant européen dans la faculté de droit ; et je ne me rappelle que d'un seul étudiant américain. "

La crise argentine oblige les étudiants à travailler à temps partiel. Résultat, selon Christian Cao, président du syndicat étudiant de la faculté de droit, 35 % suivent les cours le matin, 30 % l'après midi et 35 % le soir. Une complexité organisationnelle qui a incité les étudiants à émettre des propositions de réforme du temps de travail : ne faire durer les cours que 90 minutes au lieu de trois heures.


Les impressionnantes colonnes intérieures de la faculté de droit

Vanina Troya et Nadia Majernik, étudiantes de droit

 

Le point de vue d'Ines Gonzales, responsable des relations internationales

  • Les accords d'échange :

Nous avons des accords avec 382 universités partenaires et nos critères de sélection sont avant tout fondés sur le niveau des établissements Nous souhaitons par ailleurs avoir les mêmes méthodes et poursuivre les mêmes buts de recherche. En ce qui concerne la France, les accords interviennent seulement au niveau du doctorat ; il est possible dans certaines matières d'obtenir un double diplôme.

  • Les meilleures formations :

L'UBA excelle dans les domaines scientifiques ; les formations de dentisterie, de pharmacie et de bio-chimie sont réputées et attirent particulièrement les étudiants étrangers. Les sciences économiques et sociales, les lettres, la philosophie, la physique et l'informatique ont également bonne presse auprès de nos étudiants. Il existe des programmes internationaux en philosophie et en sciences sociales.

  • Les conséquences de la crise :

L'Argentine est devenue très peu chère pour les étudiants étrangers mais à l'inverse, la situation est dramatique : nous n'avons pas d'argent pour envoyer nos étudiants à l'étranger. En règle générale cependant, beaucoup d'étudiants argentins partent pour l'Europe, le plus souvent en Espagne et en Italie (ils se débrouillent pour obtenir des bourses dans les universités étrangères). Ils ne désirent pas revenir poursuivre ou achever leurs études en Argentine car ils y prennent l'habitude de travailler dans des conditions excellentes avec des équipements ultra modernes, ce que nous ne pouvons leur offrir ici actuellement. Nous n'avons pas de matériel performant sur place et nous ne pouvons plus en importer. L'UBA manque considérablement de moyens et l'Etat ne semble pas décidé à investir dans ce domaine. Par ailleurs, certaines professions sont en train de s'éteindre en Argentine, ce qui provoque une logique désaffection des étudiants : nous enregistrons de moins en moins d'inscription. Nous sommes aujourd'hui face à un paradoxe: les étudiants manquent d'argent et de motivations pour faire leurs études en même temps qu'ils n'ont pas de perspectives de débouchés ; ils prennent donc le parti de se spécialiser le plus possible.


Licenciada Inès Gonzales : igf@sis.rec.uba.ar ou internacionales@sis.rec.uba.ar
Site de l'UBA : www.uba.ar/internacional

 

 

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