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Reportages dans les universités : Japon
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Sophia University - Sacred-Heart - Tokyo Daigaku - MBA de la Fondation Renault - L'enseignement de l'anglais

 

Sacred-Heart University : la tradition à l'épreuve de la crise

 

Des restes du palais impérial

Université catholique pour jeunes filles, Sacred-Heart offre au regard tous les contrastes et toutes les beautés de deux cultures en " symbiose ", selon le mot choisi par sœur Sadayo Satomi, professeur depuis trente ans aujourd'hui à la retraite : le catholicisme, venu de France en 1909 avec l'Ordre du Sacré-Cœur, et les traditions shintoïstes du Japon. La chapelle, dans laquelle ont lieu toutes les cérémonies catholiques, y jouxte l'ancien palais impérial, temple de la tradition shintoïste aux portes en papiers. Sur le petit campus boisé de l'Ouest de Shibuya, les étudiantes n'ont pas les mœurs ludiques et frivoles des jeunes filles de leur quartier. C'est du moins ce que leur uniforme et leur sobre naïveté laissent penser.
Car les étudiantes japonaises ont bien changé, et celles de l'université du Sacré-Cœur en sont un exemple frappant. Dans le même établissement qui enseignait il y a encore trente ans aux futures mères de famille la cérémonie du thé, l'arrangement des fleurs et la calligraphie, les futures femmes d'affaires et meneuses politiques du nouveau Japon se préparent : les entreprise se les arrachent, conscientes de la qualité et de la sélectivité de l'université. Elles ont elles-mêmes suscité le changement, en réclamant des cours pratiques et professionnalisant, négligeant la sociologie au profit du management. Un exemple parmi d'autres, Sayako Daigo, 19 ans, souhaite renoncer à la psychologie au profit de la psychiatrie, " qui est plus pratique " Et si la tradition littéraire de l'établissement y est remise en cause, son expertise dans l'enseignement de l'anglais et son ouverture internationale sont au regard de l'objectif moderne des armes redoutables.

 

Deux icônes, deux visions

Deux symboles, incarnés par deux anciennes étudiantes devenues célèbres, éclairent l'histoire de l'institution : la femme au foyer, dévouée à son mari et à sa famille, mais cultivée, intelligente et vouée aux causes sociales, est personnifiée par l'Impératrice Michiko, qui a par le fait de son enseignement à l'Université du Sacré-Cœur joué un grand rôle dans la christianisation du Japon. La femme politique, indépendante et forte, influente dans les affaires internationales, trouve son modèle dans Sadako Osaka, dont la carrière à l'ONU puis à l'UNESCO lui a offert l'occasion d'être premier ministre du Japon. Proposition qu'elle a refusée, comble de l'indépendance, laissant ainsi vacant pour de futures femmes prodiges ce titre si convoité et si improbable.
L'histoire de l'Université est celle de ces deux femmes : créée après la seconde guerre mondiale pour mettre en valeur le statut féminin au Japon, l'Université s'est longtemps cantonnée à la bonne éducation de la femme, avec tout ce que cette expression a de sexiste. " Dans les années 70, se souvient Sadayo Satomi, l'Impératrice nous servait de modèle. Ce n'est que dans les années 80 que nous avons pris conscience du rôle que devrait jouer la femme dans le Japon moderne. Nos étudiantes ont découvert le monde du travail. "

 

 

 

Les bâtiments sobres du rectorat

 

 

Junko Sugimoto, professeur d'anglais

 

 

La remise en cause du progrès par la crise

Ce qui s'ensuit est plus classique : création d'accords d'échanges avec les universités étrangères, embauche de professeurs aux cursus internationaux, création du département d'affaires internationales focalisé sur l'économie et la politique… Les entreprises japonaises, qui sont encore aujourd'hui timides dans le recrutement des femmes, ne sont plus dupes en ce qui concerne les diplômées du Sacré-Cœur. Et les entreprises étrangères ne misent que par elles… malgré la crise ? " Les femmes sont touchées les premières par la crise, et ce malgré la réputation de notre université, " souligne Junko Sugimoto, professeur d'anglais. Et Sadayo Satomi déplore : " Nous avons de plus en plus d'étudiantes et de moins en moins d'aide de l'Etat. " Les subventions d'Etat, qui s'élevaient à un tiers du budget dans les années 70, sont en effet descendues en proportion à moins d'un quart. En un mot, le Sacré-Cœur n'est pas encore l'école de libération de la femme japonaise, faute de moyens.
En outre, sur certains points, Sadayo Satomi regrette presque cette évolution qui met l'accent sur la carrière : " La rigueur et la qualité de notre enseignement moral a dû diminuer en même temps que notre enseignement s'est valorisé. " L'explication est simple : les diplômées de l'ancienne génération formaient une élite culturelle. La simple idée d'éduquer des femmes était alors révolutionnaire. Aujourd'hui, l'Université du Sacré-Cœur forme une élite sociale dont l'enjeu est pragmatique : réussir dans le monde du travail, si possible dans une entreprise étrangère, plus ouverte aux femmes. Et la crise rend plus saillante encore cette nécessité pour les femmes de réfléchir à leur avenir.

 

Une tradition internationale en milieu fermé

" Nous n'avons toujours pas un nombre important d'étrangers, professeurs ou étudiantes, mais l'influence du lycée international implanté dans notre campus favorise l'échange entre les cultures. " explique Junko Sugimoto. Ce n'est certes pas tout. Si le nombre d'étudiants étrangers ne dépasse pas 10 %, ce chiffre reste considérable pour le Japon, et presque la moitié des professeurs sont étrangers. Et pour cause, l'Ordre du Sacré-Cœur est universel par nature et international de fait : les sœurs ont ainsi 140 écoles à charge dans plus de quarante pays à travers le monde, qui sont très liées entre elles. Et les universités catholiques y envoient leurs étudiantes en accord d'échange (en particulier, en France, l'Université Catholique de Lyon). L'université n'a pas attendu la globalisation ni l'internationalisation des cursus pour s'ouvrir à l'étranger, et le niveau d'anglais de ses étudiantes en témoigne. La création l'année dernière du département d'études internationales confirme cette tendance. Il n'en reste pas moins qu'aucun cours n'y est offert en anglais et que, sauf exception, venir étudier à Sacred-Heart University n'est le privilège que des étudiants des universités catholiques.

 

 

Des étudiantes…

 

Sadayo Satomi, une sœur francophone spécialiste de Paul Claudel

 

 

Les programmes

Six départements composent l'université : Littérature anglaise, littérature japonaise, Histoire, Philosophie et Sciences Humaines, et le département nouveau-né d'études internationales.

La présence de la Bible

En même temps que le nombre d'étudiantes a augmenté, la proportion de catholiques a diminué. Phénomène moderne répandu dans toutes les universités catholiques à travers le monde, la religion n'est plus la source de l'enseignement. " Au lycée, la prière est obligatoire tous les matins, mais à l'université, aucune pratique n'est obligatoire " témoigne Junko Sugimoto. Néanmoins, du fait peut-être de l'attachement nippon à la tradition sous toutes ses formes, les étudiantes doivent obligatoirement choisir huit crédits qui tournent autour de la religion en général. Pour l'essentiel, il s'agit de cours de culture comparée : " Les femmes et la religion " ; " la musique religieuse "… En-dehors de cet enseignement, trois cérémonies sont obligatoires : la messe d'ouverture, la procession des feux et, à la fin des études, la prière de remerciement. Et Sadayo Satomi remarque que, du fait de la présence au Japon d'un établissement catholique, " notre enseignement ne peut être qu'œcuménique. "

 

Contacts :

Junko Sugimoto : sjunko@kamakuranet.ne.jp
sok3@yahoo.co.jp

Sadayo Daigo, une jeune étudiante en psychologie

Des élèves de l'école internationale

 

Lire également l'interview de Sadayo Satomi, enseignante émérite à l'Université du Sacré-Coeur.

 

© Un Monde à penser 2002

 

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